Pourriture blanche
White rot

Sur ce bulbe d'ail fortement affecté par la pourriture blanche, on observe la présence de larges sclérotes noires. Ces structures bosselées et dures sont formées de mycélium compact et permettent à Sclerotium cepivorum de survivre dans le sol de nombreuses années.

Ail - Pourriture blanche
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Description

La pourriture blanche de l’ail et de l’oignon causée par Sclerotium cepivorum est une menace redoutable des alliums. Ce champignon phytopathogène, qui cause des pourritures molles sur les bulbes au champ et en entrepôt, peut engendrer des pertes économiques significatives s’échelonnant sur plusieurs saisons. En effet, il produit de petites structures noires formées de mycélium compactes qui lui permettent de survivre dans les sols de 10 à 20 ans. Ce sont ses structures, les sclérotes, qui contraignent les producteurs maraîchers à éliminer l’ail, l’oignon et les autres alliums, de leur rotation de culture dans les parcelles contaminée. Il est donc primordial d’assurer un contrôle sanitaire efficace pour prévenir l’introduction ou limiter la propagation de Sclerotium cepivorum. Pour l’instant, la pourriture blanche est peu fréquente dans les champs d'ail au Québec.

Cycle de la vie

Sclérotes :

Les sclérotes sont des structures de conservation qui permettent au champignon d’hiverner et survivre dans les sols entre 10 et 20 ans, malgré l’absence de plante hôte. Ils se propagent de champ en champ principalement par les semences et la machinerie agricole contaminées. Ils peuvent aussi s’introduire via les résidus de culture, les eaux de ruissellement, le sol contaminé transporté par le vent, d’autres types d’équipements (ex. : bottes, véhicules motorisés), les transplants et la semence (bulbilles d’ail et oignonets). Bref, tout ce qui peut transporter du sol contaminé peut transporter des sclérotes de S. cepivorum et propager la maladie vers d’autres zones de production.

La gravité de la maladie et des dommages au champ est directement liée au nombre de sclérotes présentent dans le sol au moment de la plantation. Seulement un à cinq sclérotes par kilogramme de sol suffisent pour causer des dégâts importants. Les infections primaires s’amorcent dès que la germination des sclérotes est déclenchée par les composés organiques sulfurés exsudés par les racines des Allium.

Les sclérotes se forment sur les racines et les bulbes des plants infectés et sont libérés dans le sol lorsque le plant dépérit.

Températures :

Les infections sont favorisées lors des étés frais et humides. Elles ont lieu à des températures variant entre 10 et 24 °C (optimum, 18 °C). Les infections secondaires se font par le mycélium d’une plante à l’autre sur le rang lorsque la densité de plantation est élevée.

Symptômes et dommages

Au Québec, la maladie apparaît dès juin lorsque le climat est favorable. Cependant, les premiers symptômes sont généralement visibles au mois d'août et sont relativement faciles à diagnostiquer. Au champ, la distribution de la maladie est généralement en foyer. Les infections tardives non diagnostiquées à récolte induisent le développement des pourritures en entrepôt.

Feuille : Les premiers symptômes de la pourriture blanche s’observent sur les feuilles : elles jaunissent progressivement de la pointe vers le bas du limbe. Ensuite, elles flétrissent et s’affaissent au sol. La gaine des vieilles feuilles est souvent molle, humide et vitreuse.

Bulbe : Un mycélium blanc et duveteux abondant est visible au collet des plantes lorsque les feuilles commencent à jaunir.  Des sclérotes de 0,2 à 0,5 mm se forment sur le bulbe. Ces structures bosselées et dures sont formées de mycélium compact. Elles sont d’abord blanchâtres, puis noir profond. Les sclérotes ressemblent à des petits cailloux très foncés. Le plateau racinaire et l’intérieur du bulbe pourrissent et ramollissent, au fur et à mesure que l’infection s’intensifie.

Racine : Le système racinaire est peu développé et pourri.

Ne pas confondre

La mouche de l’oignon (Delia antiqua) : Présence de larves dans les bulbes.

Le nématode des tiges et des bulbes (Ditylenchus dipsaci) : absence de sclérotes. Dans le cas des infestations par le nématode des tiges et des bulbes, le patron de distribution suit le travail de la machinerie agricole ou est distribué de manière aléatoire.

La pourriture du col (Botrytis sp.) : Sporulation grise plutôt que blanche. Botrytis peut aussi faire des sclérotes.

Le charbon (Urocystis magica) : Sporulation grise émerge des cloques sur les feuilles au niveau du sol. Absence de sclérotes.

Méthodes de lutte

Il n’existe actuellement aucun moyen d’éradiquer la pourriture blanche des champs où elle s’est établie. Puisque les sclérotes de S. cepivorum sont extrêmement persistants et que l’efficacité de la lutte chimique est limitée, la prévention demeure la meilleure stratégie à adopter.

Actions préventives :

  1. Utiliser uniquement des semences saines :
  • S’approvisionner de semences certifiées exemptes de maladie (certaines variétés sont moins sensibles, mais aucune n’est résistante).
  • Éviter impérativement de replanter des bulbes provenant d’un champ contaminé.
  • Inspecter rigoureusement les bulbes avant plantation pour détecter toute trace de pourriture ou de sclérotes.
  1. Renforcer les mesures sanitaires :
  • Nettoyer minutieusement la machinerie, les outils et les bottes des travailleurs avant d’entrer dans une parcelle non contaminée.
  • Éliminer les débris de culture infestés hors du champ.
  • Utiliser une eau d'irrigation propre.

Moyens de lutte :

Lorsqu’un foyer d’infection est détecté, arracher immédiatement les plantes infectées ainsi que celles avoisinantes. Il est recommandé de les détruire à l’extérieur du site d’exploitation et de ne pas les composter. Dans les sols organiques, il est recommandé d’effectuer une inondation printanière des champs durant 4 semaines pour permettre la décomposition des sclérotes. Finalement, il est aussi essentiel d’adopter des rotations de culture longue (au moins 4 à 5 ans) avec des plantes non hôtes.

Réduction de la pression d’inoculum : Plusieurs approches ont été explorées pour diminuer la quantité de sclérotes dans le sol, mais les résultats demeurent variables et rarement satisfaisants. Parmi les méthodes testées : la stimulation de la germination des sclérotes en absence de plante hôte (ex. : huile d’ail, disulfure de diallyle) ; l’utilisation de cultures leurres comme le glaïeul, qui provoquent la germination sans permettre l’infection ; l’inondation printanière (en sol organique) pour favoriser la décomposition des sclérotes ; la solarisation ou occultation du sol pour réduire la viabilité ; l’introduction de champignons mycoparasites ciblant les sclérotes. Bien que les recherches se poursuivent, aucune de ces méthodes ne permet à ce jour un contrôle fiable et constant.

Références et liens

Richard C. & Boivin G. (1994). Pourriture blanche. Dans Maladies et Ravageurs des Cultures Légumières au Canada. La Société Canadienne de Phytopathologie et la Société d’Entomologie du Canada, Canada. p. 207-208. (http://phytopath.ca/wp-content/uploads/2014/10/MRCLC/ch13-oignon.pdf)

Schwartz H. K. & Mohan S. K. (Eds) (2008). White Rot. Dans Compendium of Onion and Garlic Diseases and Pests. 2e éd. APS Press, The American Phytopathological Society, St-Paul, Minnesota. p. 22-26.


http://www.agrireseau.qc.ca/Rap/documents/a08tn06.pdf

http://publications.gc.ca/collections/collection_2013/aac-aafc/agrhist/A43-1716-1981-fra.pdf

https://ephytia.inra.fr/fr/C/18448/VigiJardin-Symptomes-Degats