Pourriture sclérotique
Sclerotinia rot
La racine d’un rutabaga provenant d’un entrepôt est recouverte d’un mycélium blanc pur, très dense, avec une présence importante de gros sclérotes noirs. La racine affectée est pourrie, affaissée et mi-ferme. L’examen microscopique (sclérotes, pourriture et mycélium blanc) a révélé la présence du champignon Sclerotinia sclerotiorum, responsable de la pourriture sclérotique. Bien que rapporté dans plusieurs cultures au Québec, il s’agissait de la première mention de cette maladie sur le rutabaga au Laboratoire de diagnostic en phytoprotection (février 2004).
Description

Sclerotinia sclerotiorum s’attaque à plusieurs plantes dicotylédones, dont les cucurbitacées, les crucifères, les apiacées, le haricot, la laitue, le pois et le soya. Chez les crucifères, le brocoli, le chou, le chou de Bruxelles et le chou-fleur sont les plus sensibles en champ tandis qu’en entreposage, le rutabaga et le navet sont les plus touchés. Les crucifères peuvent être infectées du stade plantule jusqu’à la maturité. La pourriture sclérotique est un problème occasionnel et mineur, qui peut parfois être sévère. Le champignon cause de la pourriture en champ et en postrécolte. La maladie se développe en foyer lors de l’entreposage et peut se développer à des températures avoisinant le point de congélation.

Cycle de la vie

Le champignon survit dans les débris végétaux ou le sol sous la forme de sclérotes (3 à 10 ans) ou de mycélium. Les infections se font lorsque la température est fraîche et humide. Les sclérotes produisent alors des apothèces ou du mycélium. Lorsque la température varie entre 11 et 15 °C, les apothèces libèrent des ascospores qui sont transportées par le vent sur les tissus tandis que le mycélium infecte directement les tissus. Tous les tissus, sains ou blessés, peuvent être infectés. La maladie se développe lorsque la température se situe entre 20 et 25 °C et que le feuillage demeure mouillé pendant au moins 48 heures (humidité relative élevée ou rosée). En entreposage, le mycélium d’une seule inflorescence de brocoli infectée peut s’étendre aux inflorescences adjacentes en produisant des foyers de contamination.
 
Chez les crucifères, les semences contaminées, les mauvaises herbes de la famille des crucifères et les sclérotes sont les principales sources d’inoculum en champ. En entrepôt, le champignon peut être présent dans les installations d’entreposage (boîtes-palettes, plateaux, sacs de plastique, sol sur les carottes, etc.).

Symptômes et dommages

Feuille : chez les crucifères cultivées pour les semences (canola), des lésions irrégulières, grises et d’aspect brûlé apparaissent sur les feuilles.
 
Fleur : généralement présence d’une pourriture molle et aqueuse et d’un mycélium blanc cotonneux. Les fleurons noircissent puis montrent de la pourriture.
 
Tige : développement de lésions blanchâtres à grisâtres le long des tiges, avec parfois un anneau noir. Les tiges affectées fendent et un mycélium blanc cotonneux et des sclérotes noirs apparaissent dans les vaisseaux à l’intérieur des tiges. Une pourriture molle et aqueuse peut débuter à la base de la tige à la surface du sol et progresser vers les feuilles et/ou les racines.

Méthodes de lutte

Pour diminuer l’incidence de la pourriture sclérotique dans les sols, il faut privilégier les sols bien drainés et aérés, une rotation des cultures (3 à 5 ans) avec des plantes non hôtes (betterave, épinard, maïs, oignon ou céréales), une lutte efficace contre les mauvaises herbes et diminuer la densité du feuillage des plants afin d’assurer une meilleure aération. Il faut éliminer et enfouir les résidus de culture et éviter l’arrosage par aspersion. À la récolte, éviter les blessures, trier, nettoyer et refroidir rapidement les crucifères racines et assurer un entreposage adéquat.

Références et liens

Richard C. & Boivin G. (1994). Sclérotiniose (pourriture blanche). Dans Maladies et Ravageurs des Cultures Légumières au Canada. La Société Canadienne de Phytopathologie et la Société d'Entomologie du Canada, Canada. p. 116. (http://phytopath.ca/wp-content/uploads/2014/10/MRCLC/ch8-cruciferes.pdf)
 
Rimmer S. R., Shattuck V. I. & Buchwaldt L. (Eds) (2007). Sclerotinia White Mold. Dans Compendium of Brassica Diseases. APS Press, The American Phytopathological Society, St-Paul, Minnesota. p. 43-47.

http://www.apsnet.org/edcenter/intropp/lessons/fungi/ascomycetes/Pages/WhiteMold.aspx

http://anrcatalog.ucdavis.edu/pdf/8042.pdf

http://www.agrireseau.qc.ca/lab/documents/Sclerotinia%20-%20Rutabaga.pdf