Pourriture à Sclerotium
Southern blight
Une laitue romaine montrait une pourriture molle du collet et de la base de la tige (non visible ici) avec des brunissements remontant par les vaisseaux conducteurs dans les nervures des feuilles. La marge des feuilles est desséchée et le limbe jauni. Les tests de laboratoire ont révélé la présence du champignon Sclerotium rolfsii, responsable de la pourriture à Sclerotium chez la laitue.
Description

Sclerotium rolfsii est un champignon basidiomycète qui se développe dans les régions plutôt chaudes. Il a une gamme d’hôtes variés qui comprend, entre autres, plusieurs légumes (betterave, chou, concombre, haricot, melon, oignon, pomme de terre, rutabaga, tomate, etc.) et plantes ornementales herbacées et ligneuses. Chez la laitue, la pourriture à Sclerotium est occasionnelle et mineure puisque cette culture préfère des températures plus fraîches pour son développement. La maladie survient dans les plantations denses qui conservent mieux l’humidité et favorise le contact des feuilles avec le sol. Les sols acides et mal drainés favorisent également la maladie. Sa dissémination est assurée par des transplants provenant de pépinières infectées, de la terre contaminée, du travail du sol et de l’eau (irrigation ou eau de drainage). Les symptômes apparaissent généralement en foyer et la maladie se propage rapidement.

Cycle de la vie

Le champignon Sclerotium rolfsii hiverne dans le sol, les débris végétaux et la matière organique sous la forme de mycélium ou de sclérotes. Les sclérotes sont viables quelques années (3 à 4 ans) s’ils se trouvent dans les 15 premiers centimètres du sol. Sclerotium ne produit aucune spore. Au printemps, le mycélium se développe et les sclérotes germent lorsqu’ils sont stimulés par des composés volatils produits par les tissus sénescents de la plante. Leur développement requiert des conditions chaudes (27 à 35 °C) et une humidité du sol élevée à la suite de l'irrigation ou d’une période humide. Les hyphes pénètrent directement dans les tissus qu’il décompose grâce à son système enzymatique puissant. Des symptômes de pourriture apparaissent 2 à 4 jours après l’infection. Le stade sexué (Athelia rolfsii) est rarement observé.

Symptômes et dommages

Les symptômes se développent sur les organes qui sont en contact avec le sol humide. Un mycélium blanc très dense et radiant, avec de nombreux sclérotes sphériques blancs à bruns, se développe à la surface du sol ou sur les organes affectés.
 
Feuille : les feuilles basales près de la surface du sol portent des lésions humides brunes qui évoluent en une pourriture. Flétrissement, jaunissement, brunissement et mortalité du feuillage.
 
Tige : la maladie est initiée au niveau de la tige et se manifeste par de petites lésions humides dans la partie basale de la tige près de la surface du sol. Ces lésions évoluent rapidement en une pourriture molle brune qui encercle complètement la tige. La pourriture progresse vers le collet et les racines ou vers la base des pétioles et devient généralisée à la pomme.
 
Collet et racine : présence d’une pourriture molle et brune.
 
Plante : flétrissement, dépérissement et mortalité des plants.

Ne pas confondre

Cette maladie peut être confondue avec la pourriture sclérotique (Sclerotinia sclerotiorum sclérotes noirs et d’une forme irrégulière).

Méthodes de lutte

Pour prévenir le développement de S. rolfsii dans les sols et les substrats, il faut utiliser du matériel végétal sain, des outils et de l’équipement propre et des substrats non contaminés. Chauler le sol, utiliser des engrais contenant de l’azote ammoniacal et du calcium et assurer une irrigation adéquate. Créer une barrière mécanique entre le sol et les plants en installant du paillis plastique et éviter de planter trop profondément le collet des plants. Éliminer les mauvaises herbes et les plantes infectées au cours de la saison. Labourer et enfouir profondément les débris de culture dans le sol pour diminuer la viabilité des sclérotes. La rotation des cultures avec des plantes non hôtes (maïs et céréales) est justifiée lorsque le sol n’est pas encore contaminé.

Références et liens

Blancard D., Lot H. & Maisonneuve B. (2003). Principaux autres champignons parasites des racines et/ou du collet des salades. Dans Maladies des salades – Identifier, connaître et maîtriser. INRA éd., Paris. p. 263.
 
Subbarao K. V., Davis R. M., Gilbertson R. L. & Raid R. N. (2017). Southern Blight. Dans Compendium of Lettuce Diseases and Pests. 2è éd. APS Press, The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 47-48.

http://www.apsnet.org/edcenter/intropp/lessons/fungi/Basidiomycetes/Pages/SouthernBlight.aspx

http://www.extento.hawaii.edu/KBASE/crop/type/s_rolfs.htm

https://www.ipmimages.org/browse/subthumb.cfm?sub=3710