Le chancre bactérien, causé par la bactérie Clavibacter michiganensis subsp. michiganensis, affecte les cultures des solanacées en champ et en serre, particulièrement la tomate et occasionnellement le poivron. Chez le poivron, le chancre bactérien est occasionnel, mais peut être sévère si les mesures requises pour le circonscrire ne sont pas prises. Des pertes de rendement sont alors enregistrées. Clavibacter michiganensis subsp. michiganensis est une bactérie non motile, ce qui signifie qu’elle a besoin de facteurs externes pour assurer sa dispersion afin d’infecter les plantes. En champ, les plus grandes pertes de rendement sont liées aux infections primaires causées par des semences ou des transplants infectés tandis qu’en serre, les pertes sont liées aux infections secondaires causées par la manipulation des transplants (outils et mains des travailleurs contaminés, irrigation, etc.). La maladie apparaît en foyer, souvent dans le sens du rang à cause des manipulations effectuées sur les plants. Au champ, la maladie se manifeste après la mi-juin.
La bactérie survit essentiellement sur et dans la semence, les débris de culture infectée et les mauvaises herbes. Elle se trouve également dans le sol, sur le matériel agricole et la structure des serres. La semence contaminée est à l’origine de l’infection primaire et le principal moyen de propagation de la maladie sur de longues distances. Les transplants contaminés, mais d’apparence saine, sont également une bonne source de propagation de la maladie au champ. Les sources de blessure sont nombreuses et variées et sont liées aux opérations culturales, à la circulation du personnel et de la machinerie entre les plants mouillés (pluie, rosée, eau d’irrigation), aux insectes et aux vents qui favorisent les blessures foliaires et provoquent les contacts directs entre des plants sains et malades. Les fortes densités de plants accroissent aussi la propagation de la maladie. La bactérie Clavibacter michiganensis subsp. michiganensis va entrer dans la plantule par les stomates ou des blessures. La croissance de la bactérie et le développement de la maladie nécessitent une température variant entre 25 et 30 °C le jour et entre 20 et 23 °C la nuit, une humidité relative élevée, des pluies ou une irrigation par aspersion fréquentes et des blessures. Les jeunes feuilles sont plus sensibles. Au champ, les premiers symptômes du chancre bactérien apparaissent 30 à 40 jours après l’infection.
Contrairement à la tomate, les symptômes observés en serre et en champ sont similaires et les infections sur la tige sont rares.
Feuille : les dommages débutent par de minuscules taches blanchâtres (1 à 2 mm de diamètre), légèrement surélevées, avec un point brun au centre. Ces taches sont visibles à la face inférieure des feuilles. Par la suite, les taches s’agrandissent, s’affaissent, deviennent brunâtres et prennent une apparence liégeuse. Elles peuvent être ou non entourées d’un halo jaune ou blanc. La face supérieure devient également infectée avec le développement de la maladie.
Fruit : le dommage caractéristique se manifeste sous la forme de petites taches beiges à brunes (1 à 3 mm de diamètre), légèrement surélevées et entourées d’un halo blanc (taches ocellées ("bird’s eye spot")). Parfois des taches brunes sont présentes sur le pédoncule. Les fruits fortement infectés ont un développement anormal.
Plant : rabougrissement, flétrissement, dépérissement puis mortalité.
Sur les feuilles, le chancre bactérien peut être confondu avec de l’œdème ou la tache bactérienne (Xanthomonas campestris pv. vesicatoria). La tache bactérienne produit de petites taches verdâtres humides à la face inférieure et des taches brun foncé à noires à la face supérieure. Les taches sont légèrement déprimées à la face supérieure et légèrement surélevées à la face inférieure.
Sur les fruits, le chancre bactérien peut être confondu avec la tache bactérienne (X. c. pv. vesicatoria). Contrairement au chancre bactérien, la tache bactérienne sur fruits produit des lésions pâles qui deviennent brunes à noires et liégeuses.
Il faut éviter d’introduire la bactérie dans les cultures puisque les méthodes de lutte très performantes sont limitées. Pour limiter la propagation de cette bactérie, il faut utiliser des semences saines certifiées ou traitées à l’eau chaude, des transplants sains, bien désinfecter les structures de serre et tout le matériel utilisé, installer des pédiluves à l’entrée des serres, faire une longue rotation des cultures (> 3 ans) avec des plantes non hôtes et éviter les blessures aux plantes. Assurer une bonne gestion de l’eau, surtout lors de la production de transplants. Ne pas juxtaposer des transplants de tomate et de poivron dans la même serre. Enfouir les résidus de culture pour accélérer leur décomposition (au moins 15 cm), éliminer et détruire les plants malades et les plants avoisinants, contrôler les mauvaises herbes, particulièrement la morelle noire (Solanum nigrum) et le chénopode blanc (Chenopodium album) qui sont des plantes réservoirs pour la bactérie. Des bactéricides à base de cuivre ou non sont disponibles.
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