Les nématodes sont des vers microscopiques, non segmentés, cylindriques, translucides et invisibles à l’œil. L’utilisation d’un microscope est essentielle afin de pouvoir les observer, car ils ne mesurent que 0,5 à 0,8 mm de longueur. Comme tous les nématodes phytopathogènes, les Meloidogyne sont munis d’un stylet leur permettant de s’alimenter.
La tomate peut être parasitée par plus de 34 espèces de nématodes, mais seulement quelques-unes sont d’importance économique: Meloidogyne hapla (le nématode cécidogène du nord), M. incognita, M. arenaria, M. javanica et Pratylenchus penetrans (le nématode des lésions racinaires). Différentes espèces de Meloidogyne affectent la tomate, mais tous causent des nodosités aux racines. La grosseur des galles est un indicateur de l’espèce qui parasite les racines. Meloidogyne hapla produit de petites galles plutôt rondes (< 2 mm de diamètre) et une abondance de racines latérales (radicelles) tandis que les autres espèces produisent des galles supérieures à 5 mm de diamètre et des chapelets de renflements de galles répartis le long des racines. Au Québec et en Ontario, Meloidogyne hapla, connu sous le nom de nématode cécidogène du nord, est le plus fréquemment observé. Il affecte de nombreux légumes cultivés en serre et en champ, dont les cucurbitacées, la pomme de terre et d’autres solanacées (tomate, aubergine et poivron) qui sont très sensibles. Une autre espèce similaire à Meloidogyne incognita a aussi été détectée au Québec, sans qu'il soit possible de l'identifier avec précision.
Avant l’arrivée de porte-greffe résistant, de nombreuses infections survenaient à la suite du repiquage des plants au champ ou en serre. Des pertes importantes peuvent être enregistrées lorsque les plants de tomate sont affectés à la floraison et à la nouaison, mais les plus grandes pertes sont notées lorsque le nématode forme un complexe avec des champignons (Rhizoctonia solani, Fusarium oxysporum f. sp. lycopersici (FOL), Colletotrichum coccodes, Verticillium dahliae, etc.) ou des bactéries (Ralstonia solanacearum, Rhizobium radiobacter (Agrobacterium tumefaciens)). Les plants de tomate sont généralement plus tolérants aux dommages avec le développement et l’âge du système racinaire.
Meloidogyne hapla est un nématode endoparasite sédentaire qui complète son cycle de développement à l’intérieur des tissus. On les trouve principalement dans les sols sableux à cause de leur grande porosité. Meloidogyne hapla est occasionnel dans les sols, mais cause des dommages importants. Au champ, les dommages apparaissent en foyer ou dans le sens de la machinerie. En laboratoire, une coupe transversale des galles racinaires permet de visualiser les femelles matures, qui sont blanches et en forme de poire ou de goutte d’eau.
Le nématode M. hapla hiverne dans les sols infestés (1 à 3 ans), les plantes infectées et les tas de déchets (racines). Leur dissémination est assurée par l’eau (ruissellement, drainage, irrigation), les plants contaminés, le sol, la machinerie, les outils et les travailleurs (mains, pieds). Meloidogyne hapla est un endoparasite sédentaire qui a six stades de développement soit un stade œuf, quatre stades juvéniles (larvaires) (J1 à J4) et un stade adulte. Tous les stades ont la forme d’un ver et sont mobiles (sauf stade œuf). Au printemps, les œufs permettent le développement du stade juvénile 1 (J1) dans l’œuf qui libère éventuellement le stade juvénile 2 (J2) dans le sol. Les J2 se déplacent, sur de courtes distances, dans un film d’eau, sont attirés par des exsudats racinaires et migrent vers les racines où ils piquent leur apex pour y pénétrer. Meloidogyne hapla envahit les racines lorsque la température du sol varie entre 5 et 35 °C (optimum entre 15 et 20 °C). Les J2 se logent ensuite dans la stèle où ils deviennent sédentaires et injectent des sécrétions dans les cellules périphériques pour stimuler la formation de cellules nourricières qui servent à son alimentation tout au long de son développement. Deux stades juvéniles (J3 et J4) se développent dans les racines. Les J4 relâchent, à travers leur vieille cuticule, un adulte, mâle ou femelle. Les mâles ont la forme d’un ver tandis que les femelles sont en forme de poire. Le mâle n’est pas requis pour la reproduction. La femelle pond ensuite ses nombreux œufs (entre 500 et 1 000) dans une matrice gélatineuse à l’extérieur de la racine lorsque la température du sol se situe entre 15 et 30 °C (optimum entre 20 et 25 °C). Cette matrice gélatineuse protège les œufs et permet de les conserver sur une longue période. Les J2 qui sont libérés des œufs peuvent réinfecter les nouvelles racines. Le cycle est complété entre 3 à 8 semaines selon la température du sol. Plusieurs générations ont lieu au cours d'une saison. Meloidogyne hapla, contrairement aux autres espèces de Meloidogyne, se conserve dans les sols qui gèlent (stades œufs et juvéniles).
Les symptômes foliaires sont rares et visibles seulement dans les cas d’une infection sévère et lorsque les plants sont en déficit hydrique.
Feuille : est plus petite et jaune avec parfois une teinte rougeâtre à la face inférieure. Les vieilles feuilles jaunissent puis sèchent prématurément.
Fruit : le nombre et la taille des fruits sont réduits.
Racine : présence de petites galles blanches sur les grosses racines et les racines latérales avec une prolifération de racines autour des galles. Les racines sont courtes et ramifiées. Diminution du volume racinaire.
Plant : nanisme, manque de vigueur, flétrissement aux heures les plus chaudes de la journée, puis mortalité prématurée.
Sur les racines, les dommages causés par M. hapla peuvent être confondus avec ceux causés par la gale poudreuse (Spongospora subterranea – galles en chapelet d’aspect liégeux). La gale poudreuse peut affecter de façon épisodique les racines de tomate à la suite de rotations tomate – pomme de terre ou lorsque des déchets de pomme de terre ont été enfouis et qu’ils sont mal décomposés. La gale poudreuse est moins préjudiciable que les nématodes Meloidogyne, car il n’inhibe pas l’émission de radicelles.
Pour lutter contre M. hapla, il faut faire identifier et dénombrer les nématodes dans des échantillons de sols, particulièrement les sols sableux, en acheminant un échantillon au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ. En cours de saison, un échantillon composé de sol et de racines peut être prélevé près des plants infectés pour vérifier la présence de nématodes. Pour M. hapla, le seuil de nuisibilité varie selon le type de sol. Une rotation des cultures (1 à 2 ans) avec les céréales (blé, orge, avoine et seigle) et quelques graminées et un contrôle des mauvaises herbes permettent de limiter le développement des populations de Meloidogyne. Des cultivars de tomate résistants ont été développés pour les espèces de Meloidogyne présentent dans le sud, mais pas pour M. hapla. L’utilisation de porte-greffe résistant est forment conseillée.
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