Sur cette feuille de pommier, on remarque la présence de taches irrégulières au contour pourpre. Le centre des taches se nécrose et devient recouvert de nombreuses petites bosselures noires, qui correspondent aux acervules de Diplocarpon coronariae.

Larges plages de tissus nécrosés à la suite de l'agglomération des taches. Les zones affectées sont recouvertes d’acervules noirs.

Sur cette feuille de pommier, on remarque la présence de taches irrégulières au contour pourpre. Le centre des taches se nécrose et devient recouvert de nombreuses petites bosselures noires, qui correspondent aux acervules de Diplocarpon coronariae.

Pomme - Chute des feuilles causée par Marssonina (Diplocarpon coronariae)
Pomme - Chute des feuilles causée par Marssonina (Diplocarpon coronariae)
Pomme - Chute des feuilles causée par Marssonina (Diplocarpon coronariae)
Description

La chute des feuilles causée par Marssonina est une maladie fongique en émergence dans la plupart des régions pomicoles du globe. Sa présence en Amérique du Nord est connue depuis plus d’un siècle, mais la maladie n’était pas rapportée dans les vergers commerciaux depuis de nombreuses années. Un cas a été documenté au Québec en 2020 et la présence de la maladie a aussi été confirmée en Ontario en 2021. Depuis, plusieurs cas ont été rapportés dans ces deux provinces.

La chute des feuilles causée par Marssonina est causée par le champignon Diplocarpon coronariae (syn. : Diplocarpon mali), qui provoque chez son hôte l’apparition de taches sur les feuilles et parfois sur les fruits. L’infection entraîne le jaunissement et la chute prématurée d’une partie du feuillage des arbres, diminuant ainsi leur potentiel photosynthétique. Cette maladie peut être préoccupante, car elle entraîne à long terme une réduction de la vigueur des arbres et une baisse des rendements qui se traduit ultimement par des pertes économiques importantes.

Cycle de la vie

Des conditions de mouillure assez longues et des températures clémentes sont nécessaires pour permettre l’infection. Ainsi, des travaux ont montré qu’un taux d’humidité de 100 % et une température de 20 °C sont requis pour causer une infection importante des pommiers.

Diplocarpon coronariae survit à l’hiver sous forme d’acervules (fructifications asexuées du champignon) sur les feuilles ou les fruits tombés au sol. Il peut aussi former des apothécies (fructifications sexuées) qui contiennent des ascospores du champignon, mais ces structures sont plus rarement observées. Au printemps, lorsque les conditions sont favorables, les acervules libèrent leurs conidies, qui sont ensuite disséminées dans l’environnement par le vent et les éclaboussures d’eau. Lorsqu’elles atteignent le feuillage des arbres avoisinants, les conidies germent en un mycélium qui colonise le limbe des feuilles. Des hyphes se développent en réseau filamenteux sous la cuticule des feuilles, ce qui donne aux taches leur forme étoilée. Par la suite, de nombreux acervules arrivés à maturité émergent et parsèment les lésions foliaires. Les acervules nouvellement formés relâchent des conidies qui iront infecter d’autres tissus sains.

Symptômes et dommages

Plante entière : La réduction de la vigueur de l’arbre et la diminution du rendement sont des conséquences de la défoliation précoce des arbres atteints.

Feuille : Des taches pourpres à foncées apparaissent au début de l’été sur la face supérieure des feuilles matures. Elles grossissent habituellement en forme étoilée et des acervules (structures ressemblant des petites bosselures noires) se développent graduellement sur les lésions. Les symptômes progressent pour former des zones chlorosées, de couleur beige, recouvertes de nombreux acervules. Les feuilles infectées chutent de manière hâtive, parfois avant même la récolte des fruits qui, eux, restent attachés aux branches.

Fruit : Sur les fruits, D. coronariae peut causer des taches foncées parsemées d’acervules. L’apparition de dommages sur les fruits est moins fréquente que sur les feuilles.

Ne pas confondre

Les taches foliaires provoquées par D. coronariae peuvent s’apparenter à celles causées par la tavelure (Venturia inaequalis) ou par la pourriture noire (Botryosphaeria obtusa). La présence d’acervules permet toutefois de bien distinguer les infections causées par D. coronariae de ces deux autres maladies.

Méthodes de lutte

Comme pour le contrôle de la tavelure, l’élimination de la litière de feuilles à l’automne, par exemple en favorisant leur décomposition par broyage et par l’ajout de sources d’azote, permet de diminuer l’inoculum présent en verger. Une bonne aération des arbres (taille, orientation et espacement adéquats des rangs) permet également au feuillage de s’assécher plus rapidement, ce qui limite le temps pendant lequel le champignon peut infecter les tissus.
 
Les traitements au bicarbonate de potassium et au soufre seraient peu efficaces contre D. coronariae, contrairement à d’autres produits homologués pour lutter contre la tavelure.