Rouille
Rust
Sur une branche d’un genévrier cultivé en pépinière, présence de galles gélatineuses rondes beiges à brunes. Ces masses gélatineuses sont des fructifications fongiques (télies) d’une rouille causée par le champignon Gymnosporangium sp. Selon les symptômes et la littérature, il s’agit probablement de la rouille du genévrier (G. juniperi-virginiana).
Sur une branche d’un genévrier cultivé en pépinière, présence d’une galle ronde brune mesurant environ 3 cm de diamètre. La galle porte des cornes brunes (télies) d’une rouille causée par le champignon Gymnosporangium sp. Selon les symptômes et la littérature, il s’agit probablement de la rouille du genévrier (G. juniperi-virginiana).
Sur une branche d’un genévrier cultivé en pépinière, présence de jeunes galles rondes brunes à brun orangé. Ces galles porteront éventuellement des télies d’une rouille causée par le champignon Gymnosporangium sp. Selon les symptômes et la littérature, il s’agit probablement de la rouille du genévrier (G. juniperi-virginiana).
Genévriers - Rouille (Gymnosporangium sp.)
Genévriers - Rouille (Gymnosporangium sp.)
Genévriers - Rouille (Gymnosporangium sp.)
Description

Les rouilles sont des maladies complexes causées par des champignons qui sont des parasites obligatoires. Elles sont autoïques ou hétéroïques et généralement spécifiques à leur hôte et à leur famille. Dans sa forme la plus complexe, les rouilles ont cinq types de spores (spermatie, écidiospore, urédospore, téliospore et basidiospore).
 
La rouille causée par le champignon Gymnosporangium infecte les arbres et arbustes de la famille des cupressacées qui comprend les genévriers (Juniperus). La majorité de ces rouilles requiert un hôte alterne de la famille des rosacées pour compléter son cycle vital. Parmi les plus fréquentes au Québec notons la rouille du genévrier (G. juniperi-virginiana), la rouille du cognassier (G. clavipes) et la rouille de l’aubépine (G. globosum). Leur cycle vital et les méthodes de lutte sont similaires. Le développement de la rouille du genévrier se fait généralement sur le genévrier de Virginie (J. virginianae) et les Malus spp. (pommier, pommetier). La rouille est une maladie occasionnelle et mineure et les rendements ne sont généralement pas affectés.

Cycle de la vie

Le cycle vital de la rouille du genévrier implique deux plantes (rosacée et genévrier) et quatre structures fongiques (télie, baside, pycnie et écidie). Les urédies sont absentes. L’agent pathogène requiert environ deux ans (21 à 22 mois) pour compléter son cycle vital.
 
Le champignon hiverne sur le genévrier sous la forme de mycélium à l’intérieur des galles. Au printemps, lors de périodes humides ou pluvieuses, la surface des galles se couvre de cornes gélatineuses (télies) orange à brun rougeâtre. Ces cornes gélatineuses contiennent des spores (téliospores). Chaque téliospore produit ensuite des basides contenant des basidiospores qui sont transportées par le vent sur les tissus succulents des rosacées. Les basidiospores peuvent être disséminées sur de longues distances (> 10 km), mais en réalité, elles ne franchissent que quelques centaines de mètres. Une fois les spores libérées, les cornes gélatineuses tombent et laissent de simples galles sur les rameaux des genévriers.
 
La germination et l’infection sur les tissus des rosacées nécessitent un film d’eau pendant au moins 4 heures et une température variant entre 10 et 24 °C. Des pycnies jaunes à noires se développent au centre des taches à la face supérieure des feuilles ou sur les fruits. Un à deux mois après l’apparition des pycnies, des tubes cylindriques (écidies) apparaissent à la face inférieure des feuilles. Les écidiospores produites à partir des écidies sont relâchées à la fin de l’été par temps sec. Elles servent d’inoculum pour infecter les aiguilles des genévriers jusqu’en automne. Le printemps suivant (deuxième année), des galles verdâtres portant des dépressions circulaires sont produites sur les genévriers où elles prendront tout l’été et l’automne pour mûrir. Le printemps suivant, ces galles matures causeront de nouvelles infections sur les rosacées. Parce que les genévriers ne produisent des téliospores que durant un seul printemps, de nouvelles infections des genévriers sont requises chaque année pour assurer une infection sur les rosacées, contrairement aux autres rouilles.

Symptômes et dommages

Sur les rosacées
Feuille et pétiole : à la face supérieure, présence de taches de couleurs variées (jaunes à rouge orangé) qui porteront plus tard, des pycnies jaunes à noires. De courts tubes cylindriques blanchâtres (écidies) sont visibles à la face inférieure à la fin de l’été. Défoliation potentielle lors d’une infection sévère.
 
Fruit et tige verte : présence de taches jaunes à brunes, de renflements souvent suivis d’une déformation et de la mort des tissus.
 
Sur le genévrier
Tige : présence de galles, de renflements ou de balais de sorcière. Mortalité des aiguilles, des rameaux et des semis. Croissance réduite des arbres ayant plusieurs galles.

Ne pas confondre

La rouille du genévrier peut être confondue avec la rouille de l’aubépine et la rouille du cognassier, mais elle se distingue notamment par les tissus qui sont infectés, la longueur des écidies observées à la face inférieure des feuilles et la forme des galles sur les genévriers.

Méthodes de lutte

Le but ultime est de protéger les rosacées (surtout pommier et poirier) du stade écidie en brisant le cycle de la maladie en éliminant les genévriers, les hôtes intermédiaires et les rosacées sauvages. Se procurer des plants exempts de galles et sélectionner des cultivars résistants ou tolérants aux rouilles. Les genévriers à port érigé sont plus sensibles que les genévriers rampants. Éviter de planter des genévriers et des plants de la famille des rosacées dans le même environnement. Dépister régulièrement. Contrôler la maladie lorsque des fongicides sont disponibles. Les fongicides sont généralement plus efficaces sur les rosacées (stade écidie) que sur les genévriers (stade télie).

Références et liens

Myren D. T., Laflamme G., Singh P., Magasi L. P. & Lachance D. (Eds) (1994). Rouille du genévrier et du pommier. Dans Maladies des arbres de l’est du Canada. Groupe communication Canada, Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts, Ottawa. p. 46-48. (http://cfs.nrcan.gc.ca/pubwarehouse/pdfs/10138.pdf)

Sinclair W. A. & Lyon H. H. (2005). Gymnosporangium Rusts. Dans Diseases of trees and shrubs. 2e éd. Cornell University Press, Ithaca N.Y. p. 260-269.

https://www.agrireseau.net/rap/documents/97147/pepinieres-ornementales-fiche-technique-rouilles-tumeurs?s=1322&r=gen%C3%A9vrier

http://arbres.ccdmd.qc.ca/maladie_fiche_frame.php?IDMal=48&tri=1

http://www.omafra.gov.on.ca/french/crops/facts/cedarap.htm

http://espacepourlavie.ca/carnet-horticole/ravageurs-et-maladies/rouilles-du-genevrier