Pourriture cuir
Leather rot
Sur l’épiderme des fraises, présence de taches irrégulières beiges à bronze, d’aspect luisant. Le test de laboratoire a révélé la présence de Phytophthora cactorum, responsable de la pourriture cuir ou amère chez le fraisier.
Fraise - Pourriture cuir (Phytophthora cactorum)
Fraise - Pourriture cuir (Phytophthora cactorum)
Fraise - Pourriture cuir (Phytophthora cactorum)
Fraise - Pourriture cuir (Phytophthora cactorum)
Fraise - Pourriture cuir (Phytophthora cactorum)
Fraise - Pourriture cuir (Phytophthora cactorum)
Description

Phytophthora cactorum est un oomycète (règne des Chromistes) affectant une grande gamme d’hôtes comprenant, entre autres (pommier, poirier, cerisier, noisetier, rhododendron, azalée, fraisier, etc.). Chez le fraisier, P. cactorum affecte les fruits et le collet. Sur le fruit, la maladie prend l’appellation de pourriture cuir ou amère tandis qu’au collet, on parle du cœur rouge du rhizome ou de la pourriture des racines et du collet. Ces deux maladies ne se manifestent pas en même temps dans la fraisière. La pourriture cuir est spécifique à la fraise et se distingue par son odeur nauséabonde et le mauvais goût des fruits. Les producteurs ont généralement une faible tolérance pour la pourriture cuir lors de l’autocueillette. Cette maladie est occasionnelle mais sévère. La maladie évolue rapidement et peut causer des pertes économiques importantes, particulièrement lors de conditions humides. Les fruits atteints sont généralement localisés en bordure du rang étant plus facilement contaminés par les éclaboussures d’eau et de sol. Les fruits en contact avec le sol sont vulnérables.

Cycle de la vie

Phytophthora cactorum hiverne sous la forme de mycélium, mais principalement sous la forme d’oospores dans le sol ou sur les fruits momifiés. Les oospores sont résistantes à la dessiccation et aux températures froides et demeurent viables dans le sol plusieurs années (2 à 12 ans). Au printemps, lorsque le sol est saturé en eau, les oospores germent et produisent des sporanges. Ces sporanges germent directement sur les tissus ou relâchent des zoospores biflagellées mobiles. Les sporanges sont dispersés par le vent et l’eau (pluie, irrigation par aspersion, éclaboussure) tandis que les zoospores sont attirées par des exsudats émis par les racines et nagent vers elles pour les envahir. Les sporanges germent sur les fruits. Les infections nécessitent de l’eau libre (rosée, pluie) et une température variant entre 15 et 25 °C avec un optimum à 21 °C. Les symptômes se manifestent 3 à 4 jours après l’infection. Des oospores se forment à l’intérieur des fruits infectés et sont libérées dans le sol lorsque ces derniers se décomposent. Au cours de la saison de production, l’eau d’irrigation contaminée constitue une source additionnelle de zoospores.

Symptômes et dommages

Les fruits peuvent être infectés à tous les stades de développement.
 
Fruit : au début, présence de taches brunâtres pouvant ou non s’affaisser, être sèches ou molles et luisante, d’aspect cuir. En mûrissant, les fruits deviennent gris-brun, la chair est molle et le pédoncule pourrit. Si le fruit est coupé en deux, la chair est brune à noire. Parfois un mycélium blanc est présent sur et dans le fruit. Les fruits deviennent momifiés et ratatinés.

Ne pas confondre

La pourriture cuir peut être confondue avec l’anthracnose (Colletotrichum acutatum - lésions plus rondes et déprimées), la moisissure grise (Botrytis cinerea - lésions affectant l’extrémité du fruit, près du calice, et duvet grisâtre ou beige) et les excès d’eau (plaques brunes irrégulières et déprimées).

Méthodes de lutte

Pour diminuer l’incidence de Phytophthora dans les fruits, il faut ajouter de la paille pour éviter le contact des fruits avec le sol, privilégier les sols bien drainés et aérés, utiliser des variétés résistantes, éviter l’irrigation excessive par aspersion, cultiver sur des billons et éliminer les fruits affectés. La lutte chimique est disponible et relativement efficace avec des produits spécifiques aux oomycètes.

Références et liens

Lambert L., Laplante G. H., Carisse O. & Vincent C. (2007). Pourriture amère (pourriture cuir et cœur rouge du rhizome) du fraisier. Dans Guide de maladies, ravageurs et organismes bénéfiques du fraisier, du framboisier et du bleuetier. CRAAQ (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec). p. 24-26.
 
Maas J. L. (Eds) (1998). Leather Rot. Dans Compendium of Strawberry Diseases. 2e éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 33-35.

http://www.omafra.gov.on.ca/IPM/french/strawberries/diseases-and-disorders/leather-rot.html

http://ohioline.osu.edu/hyg-fact/3000/pdf/HYG_3201_08.pdf