Le chancre à Diplodia est causé par différentes espèces de Botryosphaeria dont la plus commune est B. stevensii (stade asexué : Diplodia mutila). C’est un champignon fréquent qui affecte une vaste gamme d’hôtes de plantes ligneuses. Botryosphaeria stevensii est considéré comme un agent pathogène de faiblesse qui envahit l’écorce des rameaux, des branches et du tronc des arbres ayant subi un stress par divers facteurs (gel hivernal, taille inadéquate, insolation, sécheresse, etc.). Le pommier y devient très sensible à la suite de conditions hivernales rigoureuses. Le chancre à Diplodia n’est pas létal pour l’arbre, mais favorise l’entrée d’agents pathogènes plus virulents. Tous les cultivars de pommier sont sensibles aux chancres. Cette maladie est occasionnelle et mineure.
Le cycle vital du chancre à Diplodia n’est pas bien documenté et la littérature nous dirige vers celui de la pourriture noire (chancre noir du pommier) pour en connaître davantage.
Le champignon hiverne sur le bois mort, les chancres sur rameaux, branches et tronc. Les ascospores sont issues principalement des pseudothèces présents sur les branches infectées depuis plus d’un an. Les conidies et les ascospores sont relâchées des structures fongiques (pycnides et périthèces) durant les pluies printanières et estivales. Les ascospores sont libérées dès le stade débourrement et atteignent leur apogée 4 à 6 semaines après la chute des pétales. Elles sont dispersées par le vent sur les feuilles et les fruits. Les conidies sont également produites peu de temps après le débourrement et la production de conidies se poursuit tout au long de la saison de croissance. Elles sont dispersées par les éclaboussures d’eau (pluie).
Les ascospores et les conidies germent après 4 heures passées dans l’eau libre à une température variant entre 16 et 32 °C. Les feuilles sont infectées lorsque la température est élevée (26 °C) et nécessite au moins 4 heures de mouillage tandis que les fruits sont infectés entre 20 et 24 °C et 9 heures de mouillage. Les infections sur les feuilles et les sépales se produisent par les stomates et sur les fruits, par des fissures de la cuticule, des blessures et peut-être par les lenticelles.
Feuille : sur les branches infectées, les feuilles jaunissent, flétrissent puis sèchent.
Branche et tronc : sur l’écorce, présence de chancres elliptiques se développant autour des blessures ou des chicots de taille. Les chancres causent une décoloration visible de l’écorce et dans le bois. Des tissus calleux se forment à la marge des chancres. Des pycnides noires peuvent être visibles à la surface des chancres. L’extrémité de la branche au-delà du chancre meurt sans tuer l’arbre. Les jeunes arbres peuvent mourir lorsque le chancre encercle tout le tronc.
Arbre : flétrissement et dépérissement parfois important sur les jeunes arbres.
Le chancre à Diplodia peut être confondu avec d’autres maladies à chancres. Des analyses de laboratoire sont souvent requises pour les distinguer.
Pour prévenir le développement de chancres sur les branches et le tronc, il faut se procurer des arbres sains, exempts de maladies et inspecter le matériel végétal lors de la plantation. Éliminer les sources d’inoculum (bois morts, chancres, branches infectées) et les feuillus infectés situés aux abords des vergers. Éviter les blessures et l’irrigation par aspersion. Effectuer des coupes franches avec des outils d’élagage bien tranchants. Dépister tout au long de la saison de croissance. Assurer une fertilisation équilibrée et cultiver dans un sol bien drainé et léger. Des traitements fongiques sont disponibles.
Pour éradiquer les chancres sur les branches et le tronc, il faut tailler les pommiers et enlever les branches infectées durant la période de dormance ou par temps sec, sortir les tissus infectés des vergers et les brûler ou les déchiqueter pour activer leur décomposition. Abattre les arbres qui ont des chancres trop importants sur le tronc.
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https://ohioline.osu.edu/factsheet/plpath-fru-07