Le champignon Alternaria mali, responsable de l'alternariose, n’affecte que le pommier et particulièrement la variété 'Délicieuse' et les cultivars issus d’une hybridation avec la 'Délicieuse'. Au Québec, c’est une maladie occasionnelle et mineure, tandis qu'au Japon, c’est une maladie extrêmement importante.
Le champignon hiverne sous la forme de mycélium sur les feuilles mortes sur le sol, dans les blessures sur les branches et dans les bourgeons dormants. Tard au printemps, l’infection primaire survient environ un mois après la chute des pétales et de nombreuses infections secondaires se produisent au cours de l’été quand les conditions climatiques sont chaudes et pluvieuses. Le champignon est dispersé par la pluie sous de courtes distances et pénètre dans la feuille par les hydatodes et les stomates. Il attaque les cultivars sensibles en utilisant une toxine chimique. L’infection se produit très rapidement (5 à 6 heures) lorsque la température varie entre 25 et 30 °C et sous des conditions humides. Les symptômes apparaissent quelques jours après l’infection.
Feuille : à partir de la fin juin, présence de taches circulaires, brun pâle avec une marge foncée souvent teintée de violet, variant entre 2 et 5 mm de diamètre. En se développant, les taches se regroupent, deviennent grisâtres à brunes, d’une forme irrégulière, et sont souvent localisées entre les nervures. Quand les pétioles sont infectés, les feuilles jaunissent puis chutent prématurément. Normalement, les hyphes du champignon n’adhèrent pas à la surface des feuilles, mais sous des conditions humides en entreposage, un mycélium grisâtre peut être observé.
Fruit : normalement, les fruits ne sont pas affectés sauf chez les cultivars très sensibles. L’épiderme montre de petits points foncés au niveau des lenticelles. Les symptômes sont visibles au champ ou en entrepôt si l’épiderme est déjà endommagé.
Pousse annuelle : présence de petites taches circulaires, brunes à noires, qui sont parfois déprimées et bordées de fentes. Les taches débutent aux lenticelles qui paraissent gonflées.
L’alternariose peut être confondue avec la tache ocellée (Botryosphaeria obtusa – souvent associé au bois mort), la rouille du genévrier (Gymnosporangium juniperi-virginianae), des dommages causés par les fongicides à base de captane (symptômes localisés sur les feuilles terminales) et une carence en magnésium. L’alternariose est distribuée uniformément dans l’arbre et les symptômes sont souvent plus sévères dans le premier tiers inférieur de l’arbre, là où le feuillage demeure humide plus longtemps.
Pour contrôler l’alternariose, il faut se procurer des cultivars résistants ou tolérants et des plants en santé. Il faut tailler les tiges infectées et déchiqueter la litière de feuilles à l’automne. Cette opération permet également un contrôle de la tavelure. Le contrôle du tétranyque rouge du pommier (Panonychus ulmi) permet de limiter le développement de la maladie. La lutte chimique est disponible.
Sutton T. B., Aldwinckle H. S., Agnello A. M. & Walgenbach J. F. (Eds) (2014). Alternaria Blotch. Dans Compendium of Apple and Pear Diseases and Pests. 2nd éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 32-33.
http://web2.irda.qc.ca/reseaupommier/?p=13606
https://gd.eppo.int/download/doc/6_datasheet_ALTEMA.pdf
http://www.ipm.msu.edu/diseases/alternaria_blotch
https://www.plantwise.org/KnowledgeBank/Datasheet.aspx?dsid=4515
https://www.ces.ncsu.edu/fletcher/programs/apple/plantpath/ALTERfact.html