Les herbicides du groupe 4 regroupent les herbicides de type phytohormones de synthèse (ou régulateurs de croissance) et incluent huit familles d’herbicides dont : les acides benzoïques (ex : dicamba, chloramben); les acides phénoxy-carboxyliques (ex.: 2,4-D, MCPA, etc.); les acides pyridines carboxyliques (ex : halauxifen, clopyralide, etc.); les pyridyloxy-carboxylates (ex : triclopyr, fluroxypyr); les quinolines-carboxylates (quinclorac, quinmérac). Ces herbicides sont absorbés prioritairement par le feuillage et dans une moindre mesure par les tiges et les racines. Ils peuvent s'accumuler dans les zones de division cellulaire intensive (méristème, bourgeon, tige et racine) et sont transloqués dans la plante principalement via le phloème (avec les hydrates de carbone) et aussi un peu par le xylème (avec l’eau), s’ils sont absorbés par les racines. Ce groupe d’herbicide affecte la balance hormonale et la synthèse des protéines, entraînant une perturbation de la division cellulaire et de l’élongation, ce qui se traduit par une croissance anormale de la plante (ou malformation). Des symptômes d’épinastie, une augmentation de la division cellulaire et donc l’apparition de malformations (feuilles tordues ou en forme de cuillère, tiges et pétioles déformés, nécrose des tissus méristématiques, etc.) sont observés sur les plantes sensibles. L’absorption de ce groupe d’herbicide est augmentée avec l’augmentation de température et de l’humidité. Selon la formulation de l’herbicide, la pluie survenant peu de temps après l’application peut réduire son efficacité.
Plus de 11 espèces de mauvaises herbes sont confirmées résistantes aux herbicides du groupe 4 aux États-Unis. Déjà huit populations de mauvaises herbes résistantes aux herbicides du groupe 4 ont été retrouvées au Canada : gaillet bâtard (Gallium spurium), ortie royale (Galeopsis tetrahit), kochia à balais (Bassia scoparia), centaurée du Rhin (Centaurea stoebe), moutarde des champs (Sinapis arvensis), carotte sauvage (Daucus carota), amarante de Powell (Amaranthus powellii), mais aucune espèce résistante au Québec.
Cas 2,4-D - Le 2,4-D (2,4-dichlorophenoxyacetic acid) est un herbicide organique dont l’usage dans le monde est très répandu, depuis plus de 60 ans. Il fait partie de la famille des acides phénoxy-carboxyliques. Il peut être utilisé sous forme ester (ex.: 2,4-D ester 700, ATTAIN XC B, etc.), sel de choline (ex.: ENLIST DUO, GF-3335, etc.) ou sel de diméthylamine (ex.: 2,4-D amine 500, DYVEL DSP, etc.). Il est homologué dans plusieurs cultures telles que: céréales, maïs, graminées fourragères, asperge, fraise et framboise, canneberge, arbres fruitiers et gazon. Les formes variées du 2,4-D sont absorbées par les feuilles et les racines. Les racines absorbent plus rapidement les sels de diméthylamine que les formes esters : c’est l’effet contraire pour les feuilles. Le mécanisme d’action du 2,4-D n’est pas totalement élucidé mais ressemble à celui des autres herbicides de type auxinique. L’herbicide est absorbé par les feuilles et migre vers les méristèmes via le phloème principalement. Les symptômes de phytotoxicité se rapportant au 2,4-D sont : des déformations de la tige et des pétioles, un renflement (au niveau des nœuds) et une élongation anormale de la tige, et des feuilles en forme de cuillère. Un jaunissement des points de croissance, une inhibition de la croissance, le flétrissement et la nécrose des tissus sont aussi souvent observés. Les espèces sensibles meurent dans un délai de 2 à 4 semaines. À de faibles concentrations, les jeunes feuilles paraissent plissées et effilées, avec une nervation parallèle à la nervure centrale.
Le 2,4-D est potentiellement mobile mais est rapidement transformé dans le sol ou alors absorbé par les racines des plantes.
Six espèces de mauvaises herbes sont confirmées résistantes au 2,4-D aux États-Unis. Au Canada, deux espèces ont montré de la résistance à cet herbicide : la moutarde des champs (Sinapis arvensis) et la carotte sauvage (Daucus carota). Aucune espèce n’a été rapportée résistante au 2,4 D au Québec.
La phytotoxicité par les auxines synthétiques (ou acides phénoxy-carboxiliques) peut être confondue avec d’autres phytotoxicités causées par les herbicides appartenant aux acétanilides, aux acides benzoïques, aux imidazolinones, aux sulfonylurées, aux dinitroanilines et aux thiocarbamates. On peut aussi confondre avec les dommages causés par l’application d’insecticide au sol, l’encroûtement du sol, une plantation trop ou peu profonde, la compaction du sol et les nématodes.
Pour diminuer les risques de phytotoxicité, il faut éviter les dérives sur les cultures lors de l’application, utiliser des jets dirigés au besoin, ne pas appliquer par temps venteux, respecter les consignes inscrites sur l’étiquette et bien nettoyer le pulvérisateur.
Feuilles : déformation (feuilles gaufrées, concaves, plissées, étroites avec tissus calleux), nervures parallèles à la nervure principale et jaunissement des points de croissance.
Tige : déformation de la tige principale et des pétioles.
Plant : jaunissement des points de croissance, inhibition de la croissance, flétrissement général et nécrose des tissus, mort.
Shaner D.L. (Ed) (2014). 2,4-D. Dans Herbicide handbook. 10e éd. Weed science society of America, Lawrence, Kansas. p.16-17.
Scalla, R. et coll. (1991). Les herbicides : mode d’action et principes d’utilisation. Paris : Institut national de la recherche agronomique INRA (Éditeur). Collection : du labo au terrain. Paris, France. 450 pp.
Herbicide Resistant Weeds by Individual Herbicide (weedscience.org) 14-11-2022