Une feuille de soya montre des taches décolorées, accompagnées d’un jaunissement internervaire important. Ce symptôme est attribuable à la métribuzine (SENCOR®), contenue dans le CONQUEST LQ (métribuzine et imazéthapyr), appliqué en prélevée de la culture et à environ 140% de la dose recommandée. Augmenter la dose d’herbicide appliqué, ici la métribuzine, peut causer des brûlures, un jaunissement ou un rabougrissement de la culture. Le FRONTIERMDMAX (diméthénamide-P) avait également été appliqué en prélevée de la culture mais les symptômes observés ne sont pas liés à cette matière active. Aussi, le PINNACLEMD SG (thifensulfuron-méthyle) a été appliqué en postlevée de la culture. La nervation pourpre à la face inférieure des feuilles est typique des symptômes causés par les herbicides du groupe 2, soit l’imazéthapyr, contenu dans le CONQUEST et le thifensulfuron-méthyl, contenu dans le PINNACLE SG.

Des plants de soya montrent des feuilles avec des taches décolorées, accompagnées d’un jaunissement internervaire important. Ce symptôme est attribuable à la métribuzine (SENCOR®), contenue dans le CONQUEST LQ (métribuzine et imazéthapyr), appliqué en prélevée de la culture, à plus de 140% de la dose recommandée. Augmenter la dose d’herbicide appliqué, ici la métribuzine, peut causer des brûlures, un jaunissement ou un rabougrissement de la culture. Le FRONTIERMDMAX (diméthénamide-P) avait également été appliqué en prélevée de la culture mais les symptômes observés ne sont pas liés à cette matière active. Aussi, le PINNACLEMD SG (thifensulfuron-méthyle), a été appliqué en postlevée de la culture. La nervation pourpre à la face inférieure des feuilles est typique des symptômes causés par les herbicides du groupe 2, soit l’imazéthapyr, contenu dans le CONQUEST LQ et le thifensulfuron-méthyle, contenu dans le PINNACLE SG.

Soya - chlorimuron-éthyle (2)_1
Soya - métribuzine (5)_2
Description

Les herbicides du groupe 5 inhibent la photosynthèse en bloquant le transfert d’électrons dans le photosystème II et le transfert de l'énergie lumineuse. Ils incluent les familles d’herbicides telles que : les triazines (ex. : AATREX, CONQUEST, etc.), les phényl-carbamates (ex. : BETAMIX, etc.), les uraciles (ex. : SINBAR, etc.), les triazinones (SENCOR, VELPAR, etc.), les urées (KARMEX, etc.) et les amides. Trois des familles d’herbicides, soient les triazines, les phényl-carbamates et les uraciles sont systémiques : elles peuvent être absorbées par le feuillage mais sont le plus souvent absorbées par les racines et sont transportées dans toute la plante via le xylème. Les herbicides du groupe 5 sont utilisés pour détruire les mauvaises herbes annuelles et vivaces.

Cas atrazine - L’atrazine appartient à la famille des triazines. Les herbicides contenant de l’atrazine sont homologués dans la culture du maïs grain et fourrager, de semence et sucré. L’atrazine peut être absorbée rapidement par le feuillage mais surtout par les racines. Elle migre ensuite vers le sommet de la plante et s’accumule à la marge des feuilles et aux points de croissance. Elle détruit un large éventail de dicotylédones.
 
L’atrazine peut persister dans le sol plus ou moins longtemps selon la dose utilisée, les conditions météorologiques et les types de sols (plus longtemps en sol sablonneux et en conditions sèches et fraîches). Elle est soluble dans l’eau et faiblement absorbée par les particules de sol, ce qui lui confère un potentiel de lessivage élevé. Son usage a été banni par l'Union Européenne en 2003, afin de prévenir la contamination des eaux souterraines.
 
Certaines populations de chénopodes, d’amarantes et d’herbes à poux sont résistantes aux triazines et survivent donc au traitement herbicide. Au Québec, le chénopode blanc (Chenopodium album), l’amarante de Powell (Amaranthus powellii), l'amarante à racine rouge (Amaranthus retroflexus) et la moutarde des oiseaux (Brassica rapa) sont résistantes à l’atrazine.
 
 
Cas métribuzine - La métribuzine appartient à la famille des triazinones. Les herbicides contenant de la métribuzine sont homologués dans la culture du soya, de la pomme de terre, du maïs, de l’asperge, de la tomate, de la carotte, du lupin blanc, de la gourgane, du bleuet et des arbres fruitiers. Cet herbicide est utilisé pour le contrôle d’un large éventail de dicotylédones et aussi de graminées annuelles. Lors d’application au sol, la métribuzine est absorbée rapidement par les racines et est rapidement transloquée via le xylème vers les tiges et les feuilles. L’absorption de l’herbicide par l’application foliaire est modérée.
 
La métribuzine est très soluble dans l'eau et mobile dans les sols. Son potentiel de lessivage est élevé et peut donc contaminer l'eau souterraine. Comme elle résiste à l'hydrolyse, elle est très persistante dans l'eau souterraine. Ses deux principaux métabolites (la dicétométribuzine désaminée et la dicétométribuzine) sont mobiles dans les sols et présentent un potentiel de lessivage élevé. La métribuzine peut aussi contaminer l'eau de surface par ruissellement. La métribuzine et ses métabolites sont non volatils et peu susceptibles de se volatiliser.
 
Certaines cultures sont sensibles à la métribuzine (céréales, cucurbitacées, amarantacées, crucifères, etc.) et peuvent être endommagées si elles sont semées dans un sol traité à la métribuzine dans l’année de l’application ou l’année suivant l'application.
 
Ailleurs dans le monde, des populations d'amarante à racine rouge (Amaranthus retroflexus) résistantes à l’atrazine ont aussi démontré de la résistance à la métribuzine et ont donc survécu au traitement herbicide. La résistance à la métribuzine de mauvaises herbes n’a jamais été observée au Québec

Ne pas confondre

La phytotoxicité par les triazines peut être confondue avec d’autres phytotoxicités causées par les herbicides appartenant aux benzonitriles, aux bipyridiliums, aux acides aryloxy phénoxy-carboxiliques et aux oximes. On peut aussi la confondre avec des causes environnementales ou pratiques culturales telles des brûlures causées par les engrais, une carence en azote, en zinc, en cuivre, en potassium ou en molybdène, un semis superficiel, des taches foliaires bactériennes, le froid, la dessication ou une sécheresse.

Prévention

Pour diminuer les risques de phytotoxicité, il faut éviter les dérives sur les cultures lors de l’application, utiliser des jets dirigés au besoin, ne pas appliquer par temps venteux, respecter les consignes inscrites sur l’étiquette et bien nettoyer le pulvérisateur.

Dommage

Feuille : anomalie de coloration (jaunissement à blanchiment entre les nervures ou jaunissement à la marge des vieilles feuilles puis dessèchement, brunissement et brûlure des tissus). Toute la feuille peut devenir jaune sauf les nervures qui demeurent vertes. Les vieilles feuilles sont plus affectées que les nouvelles. Les herbicides contenant de l’atrazine peuvent affecter tous les niveaux de feuilles.
 
Racine : faible développement du système racinaire.
 
Plant : dépérissement, inégalité des plants au champ et, dans le cas d’une phytotoxicité sévère, mortalité des plants.

Références et liens

Ladlie J. S. (1991). As-triazines. Dans Guide to herbicide injury symptoms in soybeans « look-alike » symptoms. Agri-Growth Research inc., Hollandale, Minnesota. P. 35-36.

Scalla, R. et coll. (1991). Les herbicides : mode d’action et principes d’utilisation. Paris : Institut national de la recherche agronomique INRA (Éditeur). Collection : du labo au terrain. Paris, France. 450 pp.

Shaner D.L. (Ed) (2014). Atrazine. Dans Herbicide handbook. 10e éd. Weed Science Society of America, Lawrence, Kensas. P. : 54-56.
 
Shaner D.L. (Ed) (2014). Metribuzine. Dans Herbicide handbook. 10e éd. Weed Science Society of America, Lawrence, Kensas. P. : 308-310.

http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ps.2780330402

http://www.omafra.gov.on.ca/french/crops/pub75/pub75toc.htm

https://www.agrireseau.net/documents/Document_92448.pdf

http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/738656/atrazine-herbicide-interdiction-equiterre-quebec-petition

https://www.senat.fr/rap/l02-215-2/l02-215-241.html

https://www.inspq.qc.ca/eau-potable/atrazine

https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/publications/vie-saine/recommandations-pour-qualite-eau-potable-canada-document-technique-atrazine.html