Le virus de l'enroulement des feuilles de cerisier (CLRV) est un Nepovirus largement répandu à travers le monde. Une grande variété d’espèces appartenant à plus d’une trentaine de familles de plantes peuvent être affectées par ce virus. Dans ce lot, on compte de nombreuses plantes ligneuses comme l'orme, le frêne, le sureau, le hêtre, le cornouiller et le lilas, mais aussi des herbacées de la famille des amaranthacées, des apiacées, des polygonacées et des chénopodiacées.
Bien que le CLRV présente de nombreuses caractéristiques des Nepovirus, il ne semble pas être transmis par les nématodes, contrairement à ce qu’on a pu penser dans le passé. Le virus se transmet principalement par le matériel greffé, les outils de taille contaminés et les semences. Chez le noyer et le bouleau, il a été démontré que le virus pouvait se transmettre d’une plante à une autre par le pollen.
L’expression des symptômes du CLRV varie en fonction de l’hôte, de la souche du virus et de la prédisposition des plantes à l’infection, qui change selon les stress environnementaux qu’elles subissent. Les plantes peuvent être infectées sans présenter de symptômes. Sur le sureau, les principaux symptômes observés sont les suivants :
Feuille : Présence de taches annulaires chlorotiques et de marbrures, jaunissement des nervures et malformations telles que l'enroulement des feuilles.
Fruit : Diminution du nombre et du poids des grappes de fruits. Certains rapports mentionnent aussi une diminution significative de la concentration en sucre des baies.
Tige : Dépérissement des branches ou de l’arbre entier.
Le virus de l'enroulement des feuilles de cerisier peut être confondu avec le virus de la tache annulaire de la tomate (ToRSV).
Il n’existe aucun produit phytosanitaire efficace une fois l’infection installée. Puisque le CLRV-e affecte un grand nombre d’espèces végétales et que sa transmission est possible par la pollinisation, la dissémination du virus est difficile à contrôler et des mesures phytosanitaires de prévention sont de mise. Il faut notamment utiliser des cultivars tolérants et s’assurer de l'innocuité des transplants avant d’importer du nouveau matériel végétal sur un site de production.
Des traitements à la chaleur réalisés sur des semences ou du matériel de multiplication végétative seraient efficaces pour désactiver le CLRV. Dans une étude menée en 1978 par Cooper et Walkey, le virus a été définitivement éradiqué de la plupart des plantes après 20 jours d'incubation à 32 °C ou après 7 jours d’incubation à 40 °C. De nombreux autres tests ont été réalisés par la suite et se sont révélés concluants, notamment pour la pomme de terre, où l'on a réussi à éradiquer le virus par un traitement thermique similaire tout en conservant le pouvoir germinatif des tubercules.
Bien que la multiplication par bouturage des végétaux infectés propage le virus, des techniques de micropropagation bien spécifiques peuvent servir à obtenir des plantes exemptes de virus.