Deux tomates de serre montrent un mûrissement inégal qui se caractérise par de larges plages jaune verdâtre débutant dans la zone pédonculaire et progressant sur le fruit. Le virus de la mosaïque de la tomate (ToMV) n’a pas été détecté dans les fruits. Selon les symptômes et les informations fournies par la conseillère agricole (pH acide, drainage déficient), il est plausible de croire que le dommage est lié à une carence en potassium, causant la marbrure de la tomate.

L’intérieur d’une tomate de serre montre des loges asymétriques et un léger brunissement du système vasculaire (voir cercles). L’épiderme du fruit montrait un mûrissement inégal caractérisé par de larges plages jaune verdâtre débutant dans la zone pédonculaire et progressant sur le fruit. Le virus de la mosaïque de la tomate (ToMV) n’a pas été détecté dans le fruit. Selon les symptômes et les informations fournies par la conseillère agricole (pH acide, drainage déficient), il est plausible de croire que le dommage est lié à une carence en potassium, causant la marbrure de la tomate.

 

Tomate - Carence en potassium (K)_1
Tomate - Carence en potassium_2
Description

Le potassium est un catalyseur d’enzymes et il joue un rôle majeur dans la régulation de la pression osmotique, il intervient dans la formation, le transport et l’entreposage des sucres, la synthèse des protéines et la photosynthèse. Il participe au maintien de la turgescence des cellules des feuilles et augmente la résistance des cultures à la sécheresse. Il est impliqué dans le prélèvement du calcium (Ca) et du magnésium (Mg). Le potassium est un élément mobile dans la plante. Les sols sont généralement bien pourvus en potasse, mais elle est difficilement assimilable par les plantes (moins de 12 %).
 
La carence en potassium affecte, entre autres, le soya, les solanacées (tomate, pomme de terre), les cucurbitacées (concombre, courge, melon), l’épinard, la patate douce, la betterave rouge et les fruits (fraise, groseille, raisin, pomme, banane). Chez la tomate, cette carence est occasionnelle et mineure. C’est un problème nutritionnel qui touche plus communément la tomate de serre et rarement la tomate de champ. Les plants matures qui ont une charge en fruits importante sont plus sujets à cette carence puisque le K est transloqué vers les fruits au détriment des feuilles. Les plants carencés sont moins résistants à certaines maladies fongiques et à la sécheresse. Les baisses de rendement sont rares sauf dans les cas sévères, mais la durée de conservation des denrées affectées peut être moins longue. Les symptômes apparaissent en foyer, car le niveau de potassium dans le sol est très variable dans un même champ. Contrairement à la carence en azote, le jaunissement des feuilles lié à la carence en potassium est irréversible. Sur les fruits, la carence en potassium est responsable de la marbrure de la tomate, de la maturation inégale et du péricarpe grisâtre ('Gray wall').

Symptômes et dommages

Les symptômes de la carence en potassium sur la tomate apparaissent sur les tissus foliaires contenant moins de 2,0 à 2,5 % de potassium. Les symptômes surviennent habituellement tard en saison.
 
Feuille : sur les vieilles feuilles, la marge est jaune puis devient beige et finalement brune. Lorsque la carence est prolongée, la marge devient nécrotique puis un jaunissement progresse entre les nervures avec l’apparition de tissus brûlés. Les nervures demeurent vertes. La feuille devient gaufrée et courbe vers le bas.
 
Fruit : le symptôme caractéristique sur les fruits est un mûrissement inégal qui se manifeste par des anomalies de coloration de type marbrure. Les fruits sont mous, ont un goût fade, montrent une coloration inégale des tissus, un brunissement du système vasculaire et des loges asymétriques. La production de fruits est réduite et les fruits sont d’un plus petit calibre.
 
Plant : la croissance est réduite.

Ne pas confondre

Sur les feuilles, les symptômes de la carence en potassium peuvent être confondus avec ceux d'un dessèchement dû au vent ou à la sécheresse.

Prévention

Pour prévenir les risques de carence en potassium, il faut maintenir une fertilisation équilibrée, faire analyser le sol et les tissus foliaires et apporter les correctifs requis à l’aide d’engrais à base de potassium au sol ou en fertigation (chlorure de potassium (0-0-60), sulfate de potassium et de magnésium (Sul-Po-Mag)) et éviter les excès de calcium et de magnésium. Certains cultivars de tomate sont moins sensibles que d’autres à la carence en potassium.

Références et liens

Jones J. J., Zitter T. A., Momol T. M. & Miller S. A. (Eds) (2014). Potassium. Dans Compendium of Tomato Diseases and Pests. 2e éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 137-138.
 
Richard C. & Boivin G. (1994). Marbrure de la tomate. Dans Maladies et Ravageurs des Cultures Légumières au Canada. La Société Canadienne de Phytopathologie et la Société d’Entomologie du Canada, Canada. p. 310. (http://phytopath.ca/wp-content/uploads/2014/10/MRCLC/ch18-tomate.pdf)

http://www.omafra.gov.on.ca/IPM/french/soil-diagnostics/macro-and-secondary-nutrients.html#potassium