Les rouilles sont des maladies complexes causées par des champignons qui sont des parasites obligatoires. Elles sont autoïques ou hétéroïques et généralement spécifiques à leur hôte et à leur famille. Dans sa forme la plus complexe, les rouilles ont cinq types de spores (spermatie, écidiospore, urédospore, téliospore et basidiospore). Chez le géranium, la rouille est autoïque et seules les urédospores sont importantes dans le développement de la maladie même si des téliospores sont parfois observées.
Chez les plantes ornementales, les rouilles sont plutôt rares, hormis la rouille du géranium, et ont peu d’impact économique, contrairement à la rouille chez les céréales. Les plants affectés meurent rarement, c’est surtout la qualité esthétique qui est affectée, les rendant invendables. Chez le géranium, les taches jaunes à la face supérieure et les pustules (urédies) contenant des spores (urédospores) brun rouille à la face inférieure permettent de distinguer la rouille du géranium des autres maladies foliaires. La rouille du géranium n’affecte que le géranium (Pelargonium spp.). Les feuilles basales sont infectées en premier.
Le champignon se conserve sous la forme d’urédies dans les débris végétaux, les feuilles infectées laissées sur les plants et les boutures (infection latente). La période de latence peut souvent atteindre plus de deux semaines. Les urédies germent et produisent des urédospores. Les urédospores sont dispersées sur les tissus par le vent, les courants d’air, les éclaboussures d’eau, les outils et lors de la manipulation des plants. La germination des spores et l’infection nécessitent de l’eau libre sur les feuilles (rosée, pluie, irrigation) et sont favorisées lorsque la température est fraîche (entre 15 et 21 °C) et humide. Le champignon pénètre par les stomates. Pour que l’infection se produise, les spores doivent être dispersées à partir de tissus vivants infectés vers des tissus sains et mouillés. Dix à quatorze jours après l’infection, les pustules se brisent et libèrent des urédospores couleur brun rouille. La maladie est souvent plus grave pendant les mois les plus froids sur les plantes cultivées en serre, mais peut également être très dommageable pendant les étés humides. Les spores du champignon sont facilement dispersées, mais les plantes survivent habituellement à l’infection. En serre, les urédospores demeurent viables pendant au moins 3 mois.
Feuille : présence de taches vert pâle à jaunes sur les deux faces de la feuille. À la face inférieure, des taches se forment directement sous celles observées à la face supérieure. Des urédies se développent sous la forme d’anneaux sur ces taches. Les urédies prennent la forme de pustules brun rougeâtre à brun rouille. Souvent un anneau secondaire d’urédies se forme autour des premières urédies. Les feuilles sévèrement infectées jaunissent, s’enroulent puis chutent prématurément. Occasionnellement, des urédies se forment à la face supérieure des feuilles, sur les pétioles, les fleurs et la tige.
Tige : présence de lésions nécrotiques brunes.
Plant : parfois des retards de croissance sont observés.
La rouille du géranium peut être confondue avec de l’œdème (pustules cicatrisées qui prennent un aspect liégeux).
La rouille du géranium est contrôlée en utilisant du matériel végétal sain. Les plants doivent être inspectés lors de l’achat et de la plantation. Assurer une bonne ventilation et un bon espacement entre les plants pour favoriser la circulation d’air. Dépister régulièrement. Maintenir l’humidité inférieure à 80 %. Prioriser l’irrigation goutte à goutte et éviter l’irrigation par aspersion. Si l’irrigation par aspersion est requise, arroser tôt le matin afin de permettre au feuillage de sécher rapidement. Éliminer et détruire les feuilles et les plants infectés. Des traitements fongiques sont disponibles pour une pratique culturale en champ et en contenant. Nettoyer et désinfecter les serres entre chaque production.
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https://ag.umass.edu/greenhouse-floriculture/photos/geranium-rust
https://www.rhs.org.uk/advice/profile?pid=240