Plants de camerisier, situés dans une cuvette, ayant subi un gel hivernal au niveau des racines. Les plants tardent à débourrer et dépérissent par la suite.
Le gel hiverne, subit par ce camérisier, affecte le débourrement.
Camerise - Gel hivernal
Camerise - Gel hivernal
Description

Le camérisier est un arbuste rustique qui peut tolérer le froid jusqu’en zone 2. Il est adapté aux hivers québécois et aux saisons estivales courtes de notre province comme peu d’autres arbres fruitiers commerciaux. La sensibilité au gel est influencée par la capacité du cultivar à rester dormant quand il y a des redoux pendant l’hiver. Par exemple, les cultivars russes comme le Berry blue ont tendance à sortir de leur dormance plus rapidement que les cultivars japonais, ce qui les rend plus vulnérables aux dommages de gels hivernaux. En ce sens, il est préférable d’utiliser des cultivars qui débourrent tardivement et dont la dormance est profonde lorsqu’on cultive dans les régions plus chaudes.

Une fois aoûtés, les camérisiers doivent subir une phase de vernalisation (températures entre 0 °C et 7,2 °C) pour ensuite passer par une période de températures plus chaudes (supérieures à 3 °C) avant d’initier le débourrement printanier. Les quantités de froid et de chaleur qui sont nécessaires pour permettre le débourrement varient d’un cultivar à un autre. Lorsque l’hiver ou le début du printemps connaissent des périodes au-dessus de 3 °C suivies de périodes sous 0 °C, certains cultivars de camérisiers peuvent entamer le processus de débourrement et ensuite subir des dommages de gel. Ceci a été documenté pour des cultivars en provenance de la Russie et de l’Oregon. Ainsi, les dommages hivernaux chez les camérisiers seraient en lien avec un climat trop doux, et non un climat trop rude.  

Les symptômes les plus apparents sont les dommages sur les bourgeons et les tiges. Toutefois, pour différentes raisons, il arrive que les racines ne se développent qu’en surface, ce qui les rend aussi vulnérables au gel hivernal. Un gel qui survient au niveau racinaire peut entraîner des conséquences graves sur la survie d’un plant.

Symptômes et dommages

Tige : Un débourrement plus tardif qu’à la normale et une faible production de nouvelles pousses sont des signes de gel hivernal. Les plants fortement atteints dépérissent et meurent. 
 
Fruit : Il y a réduction considérable du nombre de fruits et de leur calibre.
 
Racine : Un gel au niveau des racines peut entraîner une perte de vigueur et un débourrement tardif ou inégal, et peut ultimement mener à la mort du plant. 

Ne pas confondre

La pourriture des racines et du collet peut causer des symptômes semblables au gel hivernal.

La brûlure bactérienne causée par Pseudomonas syringae entraîne aussi des nécroses au niveau des bourgeons et des tiges, et affecte la productivité des plantes. 

Prévention

L’exploitation de cultivars adaptés à leur zone de rusticité géographique est la manière la plus efficace d’éviter les gels hivernaux.

Le facteur climatique qui détermine la limite sud de la culture commerciale de la camerise est l’occurrence régulière de conditions hivernales qui favorisent le réveil hâtif des camérisiers. Au Québec, il n’y a pas encore de cas documentés de dommages hivernaux dans les régions plus chaudes de la province. Par prévoyance face aux changements climatiques, les producteurs dans le sud de la province auraient probablement intérêt à éviter les cultivars qui débourrent très tôt.

Finalement, certains éléments minéraux peuvent jouer un rôle dans la résistance au froid des bourgeons. Par exemple, le potassium active des enzymes impliqués cette résistance en abaissant le point de congélation dans la cellule. Il est important de réaliser des analyses de sol et de feuilles afin de bien planifier la fertilisation et de synchroniser l’apport minéral avec les besoins de la culture.

Références et liens

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Gerbrandt, E. M., Bors, R. H., Chibbar, R. N., & Baumann, T. E. (2018). Spring phenological adaptation of blue honeysuckle (Lonicera caerulea L.) foundation germplasm in a temperate climate. Can. J. Plant Sci. 98(3), pp. 569-581. https://doi.org/10.1139/cjps-2017-0102

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