Le virus Y de la pomme de terre (PVY - Potyvirus) est un des virus les plus importants de la pomme de terre et autres solanacées cultivées (tomate, tabac et poivron) ou mauvaises herbes. Les mauvaises herbes (Solanum spp. et Physalis spp.) sont d’importants réservoirs pour ce virus. Il est présent dans toutes les régions productrices de pommes de terre et autres solanacées. Le PVY infecte près de 350 espèces végétales. La variété 'Shepody' est très sensible à ce virus bien que les symptômes disparaissent après quelques jours. Chez la 'Russet Norkotah', les symptômes ne sont pas détectables à l’œil.
En Amérique du Nord, la plupart des infections par le PVY sont causées par des souches communes ou ordinaires du virus (PVYo) ou des souches nécrotiques (PVYn et PVYc). Le PVYn est observé essentiellement en Europe et cause des mosaïques légères sur les feuilles de pommes de terre et la nécrose des nervures des feuilles de tabac, ce qui entraîne la mort du plant. Le PVYc est observé surtout en Australie et en Inde et cause des stries nécrotiques ("stipple streak") d’intensité variable.
LE PVYo est fréquent et moyennement sévère à sévère et un des virus de la pomme de terre les plus dommageables en termes de diminution de rendement (15 à 50 %). Les pertes de rendement sont plus importantes à partir de tubercules infectés en comparaison à une infection qui a lieu en cours de saison. La présence du PVY dans les lots de pommes de terre de semence peut entraîner le déclassement des lots. Lorsqu’il est combiné au virus X de la pomme de terre (PVX), il cause une maladie encore plus destructrice appelée mosaïque rugueuse de la pomme de terre ou frisolée-mosaïque. Des souches recombinantes nécrogènes (PVYntn) peuvent causer des dommages plus importants sur la pomme de terre et affectent la qualité des tubercules. Parfois les plants sont infectés, mais ne présentent pas de symptôme.
Le virus Y de la pomme de terre hiverne dans les semences infectées, les volontaires et quelques mauvaises herbes des solanacées. Il est facilement transmis par inoculation de la sève. Les vecteurs sont les pucerons et les inoculations mécaniques. Le puceron vert du pêcher (Myzus persicae) est le principal vecteur et le plus efficace parmi les espèces qui transmettent le PVY. Les pucerons acquièrent le virus des plants infectés ou des repousses infectées de pomme de terre et transmettent le virus à des plants sains de pommes de terre. Une fois le virus inoculé, les pucerons doivent se nourrir de nouveau sur des plants infectés pour acquérir le virus et poursuivre la propagation (mode de transmission non persistante). Le virus est propagé sur de longues distances par les pucerons ailés.
Les symptômes sont fonction de la souche de virus et des cultivars de pomme de terre.
Feuille : présence d'une mosaïque modérée à sévère, jaune à vert pâle, et non délimitée par les nervures. Présence de déformations (gaufrage, enroulement) et de taches nécrotiques qui sont en fait une réaction au virus. Parfois noircissement des nervures ("vein banding").
Tubercule : présence d’anneaux ou arcs nécrotiques bruns sur le périderme. À un stade plus avancé, les anneaux forment un cratère brun foncé. Les lésions demeurent superficielles et il n’y a aucun arc nécrotique dans la chair mais des anomalies de coloration sont parfois observées. Les tubercules sont plus petits et moins nombreux.
Plant : présente un retard de croissance. Les feuilles basales jaunissent, brunissent puis meurent et tombent au sol ou demeurent attachées au plant. Les plants meurent prématurément.
Dans le cas des souches recombinantes PVYntn, la nécrose annulaire des tubercules peut être confondue avec le virus du sommet touffu de la pomme de terre (Potato Mop-Top Virus ou PMTV) et le virus du bruissement du tabac (TRV). Dans ces deux cas, il y a présence d’arcs nécrotiques dans la chair du tubercule.
Pour contrôler le virus Y de la pomme de terre, il faut utiliser des semences certifiées exemptes de maladie, des cultivars tolérants et supprimer les plants, les tubercules et les repousses infectées de pommes de terre. Minimiser la transmission mécanique lors des opérations culturales (tranchage des tubercules de semence, éviter les bris aux plants lors des traitements phytosanitaires, du passage de la machinerie, etc.). Dépister régulièrement les pucerons. L’emploi d’insecticides de contact et systémique a une certaine action sur les pucerons aptères, qui se déplacent d’un plant à l’autre sur la rangée, mais n’a pas d’impact sur les pucerons ailés qui propagent le virus d’un champ à l’autre. La transmission rapide du virus aux plants de pommes de terre sains n’est pas suffisamment longue pour que l’insecticide agisse sur le puceron. Aux États-Unis et en Europe, l’application d’une huile minérale chaque semaine permettrait de réduire la propagation du virus.
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http://www.inspection.gc.ca/vegetaux/pommes-de-terre/documents-d-orientation/pi-009/fra/1383933490053/1383934020925?chap=9#s12c9
http://www.potatovirus.com/index.cfm/page/pvyinfo.htm
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http://www.potatovirus.com/index.cfm/page/PVYinfo/PTNRDinfo.htm